Expression artistique
"CEUX QUE J'AI TOUCHE, NE FUT-CE QU'UN INSTANT, SONT MARQUES POUR LE RESTE DE LA VIE" (Richard Wagner)
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TRISTAN Poème de Paul Gros. Comme l'onde frappant Karéol, roc hautain Et refuge dernier, de sa chair pantelante La vague du désir sélève, crie et chante Une soif qui s'étanche où finit tout destin. Kruwenal prête encor son regard incertain A celui dont le coeur dilaté n'est qu'attente; Leurs voix luttent : l'un croit, l'autre est déjà l'absente Que lui promet la mer, vaste miroir sans tain. Mais déjà l'espoir, glas du temps, l'épuise et l'écartèle ; Au delà de la vue il cherche un signe d'elle, Du flot qui lui ressemble et jamais assagi. Le sang de son esprit se fige dans son rêve... Tandis qu'au loin, montant du bord qui la soulève, Plus blanche que la mort une voile a surgi. |
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FEERIE OPERATIQUE AVEC EPILOGUE 22 MAI 1813 / 2013 - Paul Gros. Au parterre du Temps j’avais pris bonne place ; Ma pensée, augurant quelques faits prodigieux, Voici ce qu’elle vit passer devant ses yeux En un théâtre étrange et plus grand que l’espace : “Sans pilote, un vaisseau sous la tempête fuit ; Le sort qui l’amena l’emporte dans la nuit, Bientôt épave, encor fantôme. Loin des feux, des maisons, du port, des matelots, Des fileuses, l’éclair, sur la crête des flots Montre une fille au bras d’un homme. “Longtemps, ce barde fut fierté de la Wartburg Où ses chants ne vantaient que le très pur amour ; Quand sa conduite dépravée Le perdit : il osa louer la volupté ; Mais une étoile au ciel brilla, pour racheter Du pénitent l’âme sauvée. “Ce chevalier sans nom, surgi pour rendre honneur Et titre à l’orpheline, hélas cède à son coeur, Dévoilant à tous son histoire... Alors, un blanc esquif ondulant sur l’Escaut, Et les appels du Graal en célestes échos L’entraînent vers une autre gloire. “D’Irlande est arrivée une blonde Circé Dont le divin poison, dans son philtre versé, Va soumettre un neveu rebelle... Et la torche d’Eros, à jamais noir flambeau, Guide alors les amants, non vers un jour plus beau, Mais une nuit toujours plus belle. “Empreints d’art et d’amour des couplets raviront Le concours, mais surtout la promise au doux front, Dans l’allégresse d’une ville. Le Maître, magnanime, a de longtemps, appris Que le don de soi-même est le plus vrai des prix D’un idéal jamais servile. “Chaste arme de la Foi, la lance a pardonné Et guéri le pécheur qu’elle avait condamné. Témoins d’un miracle suprême, Chevaliers, filles-fleur, diablesse, mage obscur, Renaissent pour servir un Roi désormais pur, Dans l’enchantement du baptême. “Sur le fleuve éternel émerge un long accord, Flotte, gronde, éveillant le Wallhall qui s’endort, Tandis que sous l’onde s’éclaire Un soleil dont l’orbite, en un cycle maudit, Va dérouler le mal honteusement ourdi, Vers son déclin crépusculaire. “Au fugitif traqué l’amoureuse douceur Du violoncelle apprend qu’il a trouvé la soeur, Et qu’un printemps pour eux se lève... Le joug des lois, la mort, le feu que rien n’éteint, Feront errant le dieu soumis au seul destin, Désormais orphelin d’un rêve. “De la forge s’en va, derrière un fourbe nain, L’éphèbe et son épée ; écoutant au lointain La monstrueuse créature, Dans la forêt sonore où l’oiseau mélodieux Entraîne le héros innocent et radieux Au lit brûlant de la Walküre. “Les Nornes l’ont prédit : leur fil mène au tombeau. Le sang vengeur d’un pacte engendre un autre anneau... Mais le vrai bientôt rejoint l’onde, Quand un brasier s’allume et que vient s’y jeter La meilleure, immolant sa vie et sa beauté, Pour que l’Amour refasse un monde.” EPILOGUE Sous le frêne, enfin tous rassemblés, ils sont là : Merveilleuse fratrie, enfants d’ombre et d’éclat, Venus pour honorer un double Centenaire. Les sages, les vainqueurs, les traîtres, les bannis ; Heureux de se trouver en ce lieu, réunis Comme autant de vivants cadeaux d’anniversaire ; Qui, portant ses exploits ; qui, ses calamités... Mais tous émus de voir, parmi les invités, Un dieu, donnant les fruits de la jeunesse au PERE. |
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